
La Colombe de Bâle, Précurseur des collections thématiques animalières
Le timbre-poste est inventé par les Anglais en 1840 pour faire payer l’expéditeur à la place du destinataire. Tout naturellement la reine Victoria est choisie pour être la première effigie à y être représenté. Tout d’abord imprimé en
noir sur du papier blanc en taille-douce (gravure), il devient un exemple pour les autres pays et de nouvelles variations apparaissent comme notamment l’impression typographique d’une mono-couleur sur un papier blanc ou de couleur. Par exemple, le Brésil et le canton de Zurich en Suisse choisissent de mettre en sujet central la valeur faciale du timbre quand le canton de Genève utilise ses armoiries.
Après les succès de l’utilisation du timbre-poste dans les deux cantons précités, le conseil municipal de la ville de Bâle décide de faire appel à l’architecte et artiste Melchior Berri pour la réalisation de son timbre. Il avait déjà été choisi 3 ans auparavant pour réaliser la décoration des boites à lettre de la ville, représentant une colombe tenant une enveloppe dans son bec. Trouvant les timbres de Zurich et de Genève trop communs, il décide alors que son timbre sera le premier timbre du monde avec une impression en plusieurs couleurs et en relief. Après avoir choisi un imprimeur allemand et effectué plusieurs retouches par rapport aux essais initiaux notamment sur la couleur, le timbre fut mis en service le 1er juillet 1845.
Le vert du premier tirage ne plaisait pas au conseil municipal de Bâle, le bleu fut donc choisi.
De couleur blanc, rouge et bleu clair, il a une valeur de 2 ½ rappen qui correspond à un envoi pour une lettre simple en port local (au sein de la ville).
Seule la colombe est en relief afin d’éviter les contrefaçons. À la suite de la création de l’État fédéral en 1848, l’administration cantonale de la poste passe entre les mains de la Confédération. Les timbres cantonaux comme la Colombe de Bâle disparaissent mais ce dernier reste le premier timbre à « thématique » du monde. On le retrouve fréquemment dans les collections spécialisées sur les oiseaux par exemple.
Jusqu’au début du 20ème siècle, et afin de diversifier le décor de leurs timbres, les différents états introduisent peu à peu des séries avec différentes thématiques dont des animaux. Cela est particulièrement notable dans les colonies, notamment anglaises et françaises, où les animaux locaux, sont choisis pour illustrer les timbres. Les techniques d’impressions sont en taille douce ou en typographie et les animaux sont plus ou moins bien représentés.
Toutefois, on peut remarquer que l’animal reste uniquement un élément de décor et en aucun cas le thème principal du timbre. Ces timbres restent encore recherchés par les collectionneurs et peuvent présenter une certaine valeur, surtout lorsqu’ils font partie de séries complètes ou qu’ils sont non oblitérés.
A la fin de la 2nde Guerre mondiale, la collection de timbres-poste se développe et les Postes du monde entier impriment des timbres pour satisfaire les demandes des collectionneurs. Certains États, tous juste décolonisés ou à
peine créés, vendent leur « licence »1 à des imprimeurs européens. Ces derniers, sans tenir compte de l’histoire et de la culture des pays, commencent à envahir le marché, en proposant pour les petits budgets des centaines de timbres. Ils développent ainsi les « pochettes de 100 timbres différents » par thème : animaux, avions, bateaux. Bien souvent ces timbres ne sont jamais distribués dans leurs pays d’origines.
Ces timbres n’ont généralement aucune valeur de nos jours, par leur nombre trop
important.
1. Le droit d’imprimer les timbres est un droit exclusif réservé à l’État au même titre que celui de battre monnaie. Il n’est donc que rarement cédé à des entreprises privées.
Cependant il existe un seul pays où les timbres, notamment animaliers, des années 1960 à 1980 sont encore recherchés pour la collection : la Chine. En effet, les timbres de la période de Mao avec de nombreuses séries thématiques animaux ont encore un intérêt pour les collectionneurs. Ces timbres étaient émis dans des quantités plus raisonnables à destination principalement du courrier et non pas des collectionneurs