Enfants jouant avec un chat

Pigments et or sur papier
Inde, circa 1680, Période Moghole H. 27,5 x L. 16,5 cm
Provenance : Collection privée. Ancienne collection Kalebdjian. Ancienne collection Jean Pozzi.
Vente Laurin Guilloux Buffetaud Tailleur, Paris 1996. Ancienne collection Pierre Le-Tan.

Cette belle et rare peinture moghole nous présente, au centre de l’image, deux enfants jouant avec un chat à côté d’un ermitage où un sage bienveillant les regarde s’amuser.

Dans le fond de la scène un paysage « exotique », directement copié d’une gravure européenne, nous montre un village probablement du Nord de l’Europe, avec son clocher et ses toits typiques. Au bas de la peinture, deux animaux de la famille des antilopes ici avec une robe très claire, une mère et son petit, se regardent tendrement. La présence des animaux peut être un moyen utilisé par le peintre afin de renforcer le sentiment qui se dégage de la scène principale.

L’ascète barbu se tient sur le pas de la porte de sa hutte, avec dans sa main un hochet tressé.

L’un des enfants porte un collier d’amulettes, l’autre un collier ainsi que des bracelets en or.

Nombre d’éléments nous laissent ici penser que cette peinture fait référence à la déesse Shashthi, protectrice des enfants et de la procréation. Elle est surtout représentée dans la culture populaire du XIXe siècle, avec deux enfants et un chat. Il est fort possible que, malgré le contexte clairement moghol, l’artiste ait souhaité faire une référence implicite ou explicite à cette divinité souvent accompagnée par un chat, et parfois personnifiée dans cet animal, comme c’est probablement le cas ici.

La provenance de cette peinture est passionnante : elle est d’abord passée entre les mains des frères Hagop et Garbis Kelebdjian (étiquette au verso), antiquaires du Caire d’origine Arménienne, et installés en 1905 à Paris ou ils sont restés jusqu’en 1930 au 12 rue de la Paix. Ils ont vendu aux musées d’Ontario, au British Museum ainsi qu’au Musée de Lyon, et ont,, entre autres, acquis la collection de verreries islamiques du Dr. Fouquet au Caire, avant 1913.
Cette peinture est par la suite passée dans la collection de Jean Pozzi, et enfin en vente à Paris, où elle fut acquise par le collectionneur et illustrateur Pierre Le-Tan.

Alexis Renard, Exotic Mirror, N°5.

Alexis Renard
Expert CNES
Art islamique
5 rue des deux Ponts
75004 PARIS