La Vérité méconnue
s.d.
Épreuve en bronze à patine brun nuancé, vers 1920
Fonte à la cire perdue Susse Frères
Signé : DALOU Scp
14 x 12,3 x 8,5 cm
Cette œuvre, dont il existe deux versions, représente une femme prostrée, assise sur un rocher, un miroir à ses pieds.
Henriette Caillaux, historienne de l’art ayant présenté en 1935 une thèse sur la vie et l’œuvre d’Aimé-Jules Dalou, voit dans cette œuvre un rapport avec un épisode de l’Affaire Dreyfus dont les débuts remontent à 1894. Bien que les convictions dreyfusardes de Dalou soient connues, ce lien est fort possible mais pas prouvé. Le Petit Palais conserve une œuvre de Louis Convers, sculptée entre 1890 et 1903, portant le même titre et adoptant la même pose. Ces sculptures s’inscrivent dans une tradition formelle : elles sont proches de la figure de la Douleur d’Ernest Christophe, exposée au Salon de 1855 et qui orne la tombe de son auteur, au cimetière des Batignolles. Ce sujet se rapproche des nombreuses figures de femmes éplorées qui alimentent le travail préparatoire du Monument aux morts d’Albert Bartholomé, inauguré en 1899 au Père-Lachaise et que Dalou connaît. Enfin, du côté de la peinture, cette posture recroquevillée n’est pas sans rappeler le Jeune homme nu assis au bord de la mer (1836) d’Hippolyte Flandrin, conservé à Paris, au musée du Louvre.
Cette œuvre rencontre un grand succès d’édition après la mort de Dalou. Susse, dès juin 1902, choisit la version avec la terrasse polygonale pour une édition illimitée en bronze, en deux dimensions.
Ce modèle fait partie des œuvres les plus courantes du sculpteur. Il a été réalisé par la fonderie Susse ; c’est la qualité exceptionnelle de sa patine qui différencie cet exemplaire des autres. Grâce à ces effets de patine, l’accroche de l’œil sur le modelé est accentuée.
Expert CNES