Piano demi-queue (brevet de 1850), Maison Erard, Maison Jansen, Paris, 1899, N° de série 77836.
Bois peint et laqué, bronze doré, ivoire, ébène, feutre et métal
H. 100 x L. 180 x P. 240 cm
Provenance : Sotheby’s & Co., à travers Stanley J. Pratt (Londres), 1971.
Cet extraordinaire instrument de musique réunit deux grandes techniques, celle du facteur de piano et celle de l’ébénisterie.
La prestigieuse maison Érard livre donc ce piano vers 1885 à la maison Jansen. S’inspirant du XVIIIème, le corps du piano est entièrement laqué en « vernis Martin », dans le goût d’Antoine Watteau, de scènes galantes et champêtres.
Le tout est recouvert d’une abondante décoration en bronze doré de guirlandes de fleurs, d’enroulements végétaux et de trois bustes de femmes, l’une jouant du luth, la deuxième jouant de la harpe et la troisième du violon. Une lyre, ornée d’un soleil en bronze doré, supporte les pédales.
Cette conception, le maître d’œuvre François Linke la doit aux dessins de Léon Messagé, sculpteur, qui a travaillé avec lui à partir de 1885.
Tout en s’inspirant des sujets, des formes et des allégories de la période rocaille ou néo- classique du XVIIIème, Léon Messagé sut apporter sa propre idée, revisitée certes, des éléments décoratifs de cette époque.
Cette surcharge de bronze doré correspond à la mode de l’époque voulant que parfois le rococo l’emporte sur la pureté du style. De plus en cette fin de siècle le goût et les états d’esprit étant habitués au néo-gothique, au néo-renaissance ne pouvaient être choqués par cette profusion d’éléments décoratifs. *
Léon Messagé (1842-1901) : dessinateur et sculpteur. Il a fourni de nombreux dessins de mobilier aux ébénistes Zwiener et Linke.
* N.B
Il existe un rapport détaillé de notre collègue Henry-Bertrand Collet, expert CNES, maître d’œuvre sur la restauration d’un piano, « jumeau » de celui que présente le musée Medeiros e Almeida.