Croyances, superstitions et sorcellerie
En France du milieu du XIXe au début du XXe
Pour autant chacune de ces modestes pièces est un élément constitutif de notre société. Le patrimoine a la chance de n’être pas uniquement matériel, il est aussi composé de quantité de petites pépites immatérielles qui sont le reflet même de notre identité de français(e) ou de notre appartenance locale à un groupe identifié.
Éléments à part entière de nos traditions, ciments de notre culture et éléments phare de notre patrimoine immatériel, nos croyances et superstitions sont d’un réel intérêt pour le marché de l’Art.
Mal ou peu considérés, nos grigris anciens sont pourtant d’une grande richesse anthropologique. Ils permettent de comprendre la société d’autrefois en profondeur, dans ses aspects les moins palpables.
La place de ces pièces est dans les cabinets de curiosités, dans les collections ethnographiques, dans les musées, les écomusées, … entre les mains d’amateurs, de collectionneurs privés ou publics, qui sauront apprécier toute la richesse d’un simple trèfle à 4 feuilles ou d’une mue de serpent, remise dans son contexte historique, local et usuel.
Pour autant chacune de ces modestes pièces est un élément constitutif de notre société. Le patrimoine a la chance de n’être pas uniquement matériel, il est aussi composé de quantité de petites pépites immatérielles qui sont le reflet même de notre identité de français(e) ou de notre appartenance locale à un groupe identifié.
Éléments à part entière de nos traditions, ciments de notre culture et éléments phare de notre patrimoine immatériel, nos croyances et superstitions sont d’un réel intérêt pour le marché de l’Art.
Mal ou peu considérés, nos grigris anciens sont pourtant d’une grande richesse anthropologique. Ils permettent de comprendre la société d’autrefois en profondeur, dans ses aspects les moins palpables.
La place de ces pièces est dans les cabinets de curiosités, dans les collections ethnographiques, dans les musées, les écomusées, … entre les mains d’amateurs, de collectionneurs privés ou publics, qui sauront apprécier toute la richesse d’un simple trèfle à 4 feuilles ou d’une mue de serpent, remise dans son contexte historique, local et usuel.
Introduction
L’Homme a toujours souhaité éloigner la mort de ses préoccupations immédiates. Pour lui, elle est souvent trop précoce et inévitable. En réalité, depuis la nuit des temps, l’Homme cherche à s’en protéger, à la dompter, à la domestiquer.
Par des pratiques magiques, des croyances et des superstitions locales, très souvent reçues en héritage, des populations entières ont tenté d’améliorer leur vie et de tenir la mort à bonne distance.
La religion catholique a pris une place prépondérante dans ce monde ésotérique en proposant aux fidèles une large possibilité de pratiques et de nombreux objets censés les mettre à l’abris du Mal et en leur offrant la vie éternelle.
En s’entourant d’objets chargés, l’Homme guérit, maudit, bannit, tue par de simples invocations, prières, potions et poisons. L’objet ésotérique porte une charge magique. Il est souvent un support. C’est l’esprit qui est visé, tout comme la confiance et l’espoir.
Préambule
Ancien tarot italien
Almanach des vieux secrets
En France, en 1860, l’espérance de vie d’un homme rural est d’environ 45 ans.
Les trois choses les plus importantes de son quotidien sont :
– manger à sa faim et donc travailler pour pourvoir à ses besoins alimentaires
– avoir chaud et se vêtir correctement, dormir dans un logement ne laissant passer ni l’eau ni le vent
– ne pas tomber malade car les chances de guérison sont très faibles. En 1860, on meurt d’une otite, d’une angine, d’une plaie infectée, d’une mauvaise chute…
Le monde rural, un conservatoire des traditions
Un large ensemble de traditions orales issues d’us et coutumes rurales, régit la vie quotidienne d’un village ou d’une communauté. Elles se transmettent de foyer en foyer, sans jamais être remises en cause et ceci durant des générations. Malgré l’aspect curieux de certaines superstitions, il ne viendrait à personne l’idée de les contester, de les minimiser ou simplement de les occulter.
Parfois plusieurs jours de marche sont nécessaires pour atteindre un village de taille moyenne ou une grande ville, dans lesquels il est possible de consulter un médecin, un pharmacien ou une sage-femme. Uniquement en cas d’extrême urgence, l’hospitalisation est envisagée mais il y a une vraie peur de l’homme rural face au monde de la médecine. Les avancées médicales comme l’hygiénisme, la vaccination ou l’asepsie, remettent en cause ses pratiques quotidiennes et brisent l’équilibre qui constitue sa vie qui est, somme toute, très réglée.
Au XIXème siècle, les femmes de Haute-Savoie portaient leurs bijoux aux champs (ce qui explique pourquoi ils sont en si mauvais état pour certains). Elles croyaient qu’ainsi parées, elles seraient préservées de la morsure de la vipère, très souvent mortelle. Jusqu’au début des années 1920, toujours en Haute-Savoie, les femmes étaient accouchées avec du linge sale. Les matrones croyaient que le linge propre, souillé par le sang, allait apporter le mauvais œil au nouveau-né. Gardé à dessein, le linge malpropre, rendu de fait fort utile pour les naissances, au lieu de conjurer le mauvais sort, a bien souvent tué les mamans, qui mourraient de septicémie.
Et la religion dans tout ça ?
Petit médaillon reliquaire en argent présentant des reliques de saint François de Sales et de sainte Jeanne de Chantal
Autrefois, pour se protéger de la foudre, les paysans aspergeaient leur ferme et grange d’eau bénite. Était-ce une pratique religieuse, un moyen de conjurer le mauvais sort ou encore une superstition ? Lorsqu’un incendie se déclarait, n’importe où dans la campagne, il était presque impossible de l’éteindre. Les pompiers n’arrivaient presque jamais à temps ou ne pouvaient pas accéder au lieu du feu ou encore l’eau manquait. Il fallait donc laisser se consumer le bâtiment, ce qui était lourd de conséquence pour le foyer sinistré. La protection divine était donc sollicitée par temps d’orage… mais n’avez-vous pas remarqué qu’elle ne l’est plus du tout depuis que nous avons des bouches à incendie presque à tous les coins de rue ? Pourtant un miracle pourrait toujours arriver ? Et que dire des reliques, des médailles de protection et autres médailles miraculeuses, des agnus-Dei portés en permanence par nos ancêtres ? Ainsi armés de leurs « amulettes », ils battaient la campagne en espérant être protégés des détrousseurs de grands chemins et autres brigands.
Il existe un autre mille-feuille magico-religieux qu’il est intéressant d’étudier : les âmes errantes. En 1860, environ 10% des bébés naissent mort-nés. Il était alors impensable pour les parents que l’enfant ne soit pas baptisé car sans avoir reçu ce sacrement, son âme était condamnée à errer dans les limbes, sans jamais voir la lumière de Dieu. Pour permettre à l’enfant de recevoir le baptême et donc d’être accueilli au Paradis, de très nombreuses chapelles à répits ont été construites. La matrone filait déposer le bébé inerte sur un des autels de la chapelle et priait pour l’octroi d’un répit de vie. S’il arrivait, elle ondoyait le nourrisson, puis il venait « mourir à nouveau », mais en bon chrétien cette fois-ci. Qu’advenait-il de ces âmes errantes, n’ayant pas eu accès à la lumière de Dieu ? Les paysans croyaient que les jeteurs de sorts et sorcières s’en servaient pour posséder leurs « patients » !
Au moment du décès d’un membre de la famille au domicile, il fallait ouvrir toutes les portes et les fenêtres pour laisser son âme filer au dehors et ne pas la rendre errante, en plus permettant de voir la lumière de Dieu. Et parfois, un tapis de foin était préparé dans un champ proche, pour que cette même âme aille s’y reposer selon le psaume 22 :
« Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer. » (…)
Et là encore, superstition ou rite religieux ? Tout chrétien croit à la Résurrection normalement …
Dans de nombreux villages, il existe la figure de « l’étranger ». C’est celui ou celle qui n’est pas un enfant issu de la communauté ou de la région ou encore qui vit selon d’autres traditions héritées. Cette personne, qui ne peut s’intégrer au village, car elle est stigmatisée et rejetée, porte souvent le nom de « sorcier » ou « sorcière », « jeteur de sorts ». Son mode de vie, en marge de celui des autres, en fait une personne crainte, redoutée mais sollicitée en cas de problème dans la vie courante : bétail malade, faibles récoltes dans les champs, épidémie dans le village, météo capricieuse, prolifération d’insectes…
La sorcière est considérée comme un sbire du diable. Elle est maléfique, elle fait peur, elle attise la convoitise par ses connaissances. Les nombreux procès en sorcellerie qui ont émaillés notre histoire montrent à quel point l’image de la sorcière faisait peur. Bien souvent quand la religion n’offre pas de remède, la magie rentre en scène et vice-versa !
Les liens qui unissent religion et magie sont présents : les sorcières devaient ramasser leusrs herbes médicinales le matin de la Saint Jean (jour du solstice d’été), les pieds nus et en silence. Elles recueillaient aussi la rosée du jour de la Saint Jean pour confectionner leurs potions, rosée censée être plus efficace que le reste de l’année. Les formules des sorciers qui permettent de couper le feu et qui sont les mêmes depuis la nuit des temps, invoquent Dieu et les saints. En réalité, la frontière est parfois bien ténue.
Et si le diable apparaissait ?
Et si nous invoquions le diable, cet ange déchu, maître du Mal ? Sa figure grimaçante a été maintes fois représentée, son iconographie est riche depuis le Moyen-Age : un bouc, un ours, un dragon, un rapace, un serpent, … L’image du diable tétanise dans la vie courante autant qu’elle fascine dans l’iconographie. Il entraine avec lui tous ceux qui vivent sous la terre ou la durant la nuit et dont l’Homme rural ne connait que peu de choses : la taupe, le crapaud, la chouette, la chauve-souris, … Tous sont devenus des animaux dont l’Homme se méfie et il va leur conférer des pouvoirs magiques. Un de leur poil, une patte, une plume, une griffe permettent de jeter un sort ou de le conjurer comme par exemple de guérir ou de faire tomber malade. Devenues puissantes amulettes aux yeux des hommes, ces petits éléments insignifiants deviennent des objets supports.
Conclusion
Le monde de l’homme rural en 1860 est fragile. Il est régi par la peur et cette peur, pour être apaisée, se tourne vers toutes les possibilités qui s’offre à lui. L’homme chercher aide, réconfort et guérison. Les croyances, superstitions et la religion seront autant de « pansements » et de rustines sur un quotidien dont il n’a pas la maitrise.
Et ces objets alors ?
Rien n’est très sophistiqué, rien n’est très compliqué. Ici pas d’objets d’art de grande valeur, pas de spéculation. Cette exposition virtuelle est une petite revue non exhaustive des objets supports de la magie, de la sorcellerie et des croyances populaires. C’est petit inventaire à la Prévert du patrimoine immatériel qui enrichi chacune de nos régions de France. C’est, sans grande prétention, une des racines de notre société, à 95% rurale en 1900. C’est aussi et avant tout la richesse de notre belle France rurale. Mais n’avez-vous pas remarqué que certaines superstitions sont tenaces ? Passez-vous sous une échelle ? N’avez-vous jamais jeté de sel au-dessus de votre épaule ou une pièce dans une fontaine pour faire un vœu ? Alors seriez-vous superstitieux(se) ?
Sophie Sesmat
Arts Populaires et Objets de curiosité