Francesco MOCHI, Annonciation, entre 1603 et 1608, marbre de Carrare, Église San Agostino rattachée au Museo dell’Opera del Duomo di Orvieto (MODO), Orvieto.

Véronique Tran, Assistante de Direction CNES

Véronique Tran, Assistante de Direction CNES

Francesco Mochi est un sculpteur arétin né le 29 juillet 1580 à Montevarchi , en Toscane. C’est le fils du sculpteur Orazio Mochi. Francesco est formé à Florence par le peintre maniériste Santi di Tito (1536-1603) et par le sculpteur Camillo Mariani (1556-1611). Il fit ses début en tant que médailleur. Mochi fait preuve d’une valeur précoce qui va attirer l’attention de Mario Farnèse, duc de Latera, qui sera par la suite son protecteur. C’est ce dernier qui lui commande son groupe de statues, Annunciazione dit Annonciation en français, pour la cathédrale d’Orvieto. Mochi meurt en 1654 à Rome.

En quoi l’Annonciation de Francesco Mochi peut-elle être considérée comme une œuvre de transition entre le style de la Renaissance et celui du Baroque ?

Une opération de communication est prévue pour amplifier la renommée des deux parties.

L’exposition virtuelle que nous vous présentons en est le premier maillon. Il s’agit de présenter une sélection d’œuvres choisies conservées au sein d’un seul et même espace géographique, le musée Medeiros et Almeida.

Le musée Medeiros e Almeida à Lisbonne est un musée privé.

La collection de meubles, de tableaux, d’objets d’art, céramiques, bijoux et d’horlogerie provient de la passion d’un seul homme, António de Medeiros e Almeida (1895-1986).

Description : de l’Ange à la Vierge.

L’Annonctiation est un groupe composé de deux statues en marbre de Carrare. Elles ont été faites l’une après l’autre la première étant l’Ange de l’Annonciation réalisé entre 1603 et 1605. La Vierge fut, elle, achevée un peu plus tard, entre 1605 et 1608. Ce groupe raconte un épisode de la Bible, dans l’Évangile selon Luc au chapitre 1, dit de l’Annonciation où l’Ange Gabriel annonce à la Vierge Marie une grossesse miraculeuse. Je cite : « Au sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée appelée Nazareth, vers une vierge qui était fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph ; et le nom de la vierge était Marie. » […] « L’ange salue la Vierge :  » Salut, pleine de grâce !  » […]  » Le Seigneur est avec vous « . » […] « L’ange lui dit :  » Ne craignez point, Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu. Voici que vous concevrez, et vous enfanterez un fils, et vous lui donnerez le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il règnera éternellement sur la maison de Jacob, et son règne n’aura point de fin.  » Marie dit à l’ange :  » Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais point l’homme?  » L’ange lui répondit :  » L’Esprit-Saint viendra sur vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre. C’est pourquoi l’être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu. »

Francesco MOCHI, Annonciation, entre 1603 et 1608, marbre de Carrare, détail

Francesco MOCHI, Annonciation, entre 1603 et 1608, marbre de Carrare, détail

Francesco MOCHI, Annonciation, entre 1603 et 1608, marbre de Carrare, détail

La Vierge de l’Annonciation.

Tout comme l’Ange, la Vierge de l’Annonciation est une statue en ronde-bosse. Elle mesure 210 cm de hauteur.

La Vierge se tient debout légèrement penchée sur sa droite comme repliée sur elle-même. Sa main gauche est portée sur sa poitrine, tout en tenant son manteau, tandis que l’autre retient le poids de son corps, appuyée sur une chaise. On pourrait croire qu’elle était assise sur cette même chaise jusqu’à ce qu’elle soit surprise par l’archange d’où sa posture relativement recroquevillée. Sa tête est tournée vers sa gauche. L’expression de son visage suggère de la surprise. En effet, la Vierge est prise au dépourvu par l’archange Gabriel. Elle le fixe avec stupeur dans un mouvement figé.

Analyse : une opposition entre ces deux sculptures.

On constate que la sculpture de la Vierge est plus grande que la sculpture de l’Ange. Cela s’explique par le fait que ces deux statues n’étaient pas destinées à être positionner sur la même échelle spatiale : l’Ange devait se situer en hauteur, légèrement décalé de la Vierge pour restaurer une perspective de taille et de proportions. Cet effet de proportion ajoute une valeur cinétique et théâtrale particulièrement importante à l’œuvre qui est pourtant composé de deux éléments distincts.

Piano demi-queue (brevet de 1850) de la maison ERARD à Paris N° de série 77836

Un ange en technique.

L’opposition entre ces deux sculptures l’est d’autant plus lorsque l’on plonge dans les détails. L’Ange de l’Annonciation a été sculpté tout en technique et mouvement aérien. La conception de cette sculpture placée dans les airs sur un nuage tourbillonnant doit beaucoup à l’Ange, une sculpture en bronze de Jean Bologne, dit également Giambologna, installé sur l’architecture de la chapelle Salviati à San Marco, à Florence. On retrouve dans ces deux sculptures : la rotation des personnages, le geste éloquent des bras ouverts, l’épaule découverte et les ailes inclinées. Les plis du drapé, rectangulaires et lisses comme parfois froncés, chez Mochi sont également inspirés de Giambologna. On peut également penser que Mochi s’est inspiré du procédé de déséquilibre que l’on peut retrouver chez le Mercure de Giambologna, une statue en bronze réalisé en 1580. Il s’agit en fait d’une manière pour les maniéristes de montrer leur refus vis-à-vis des lois du contrapposto l’une des valeurs les plus sacrés de la Renaissance classique. Le déséquilibre s’inscrit ici par une asymétrie subtilement dosée entre la jambe d’appui et la jambe libre. Cela introduit un certain dynamisme qui n’altère pas la symétrie d’ensemble. On reconnaît dans le Mercure le principe de ce procédé. On retrouve dans ce bronze la jambe d’appui et la jambe libre. Cependant, ici, la technique est loin de procurer grâce et aplomb au dieu. Elle le conduit au contraire au bord d’une chute imminente. Le dieu, poussé par le zéphyr qui souffle sur son pied, n’échappera à cette chute qu’au moyen de ses sandales ailées qui lui permettront de s’envoler. L’une des techniques utilisées pour parvenir à créer cette illusion de déséquilibre est la technique serpentine, inaugurée par Michel-Ange et dont les maniéristes en font un mode de construction quasi systématique. La courbe serpentine privilégie le mouvement, le dynamisme fluide, au détriment de la cohérence anatomique. Il n’y a pas réellement de déséquilibre chez Mochi mais on retrouve ce dynamisme fluide.

Une Vierge michelangelesque.

Contrairement à l’Ange, la Vierge est plus compacte aux formes généreuses et emprunte d’une analyse psychologique et naturaliste subtile inspirée des statues antiques spartiates comme, par exemple, dans la Piéta de Michel-Ange. On retrouve dans ses sculptures des plis secs inspirant un dynamisme violent. Dans la Vierge de Mochi, si les jointures sont schématiques, frappante est l’invention de la main prise dans la draperie. Fransceco Mochi veut imprimer une certaine instabilité avec cette chaise qui se dérobe sous ses genoux.

Cabinet de forme mouvementée en placage de bois de rose et bois de violette, marqueterie de branches fleuries

Console à 4 pieds cambrés réunis par une entretoise, en bois de violette

Important régulateur en bois de placage

Bureau plat-cartonnier à pieds cambrés en bois de violette

* N.B
Il existe un rapport détaillé de notre collègue Henry-Bertrand Collet, expert CNES, maître d’œuvre sur la restauration d’un piano, « jumeau » de celui que présente le musée Medeiros e Almeida.