Les casques de la maison du roi

(1814-1830)

Partie I

Les casques de la maison du roi

(1814-1830)

Partie I

Restauration de la maison du roi : 1814

Après le départ en exil de Napoléon, et une fois la Monarchie restaurée, Louis XVIII rétablit la Maison Militaire, le 15 juin 1814. Durant les neuf mois que dure la Première Restauration, la Maison Militaire s’organise rapidement, mais les effectifs des différentes compagnies ne seront jamais portés au complet. Sont donc rétablies six compagnies de Gardes-du-Corps, une compagnie de Gendarmes, une compagnie de Chevau-légers, deux compagnies de Mousquetaires, une compagnie de Gendarmerie des chasses résidences et voyages du roi et deux compagnies de Gardes-du-cors de Monsieur.

Sous les Cent jours, elle est à nouveau supprimée, le 13 mars 1815, sur ordre de l’Empereur.

La seconde restauration

Suite au désastre de Waterloo, le Roi revient en France au début du mois de juillet 1815, et rétablit la Maison Militaire, sa mission étant d’escorter et de protéger le roi dans ses résidences et voyages. La situation financière du royaume, très critiqué après les énormes dépenses entraînées par les guerres de l’Empire, oblige le roi à réduire le déficit. En conséquence, la Maison Militaire est considérablement réduite, on y préfère la création d’une garde royale dont le coût sera moins onéreux… Le 17 octobre 1815, la décision est prise, elle sera appliquée le 1er janvier 1816. Les compagnies de Gardes-du-Corps et autres corps non licenciés en 1816, existeront jusqu’en 1830, accompagnant ainsi les règnes de Louis XVIII et de Charles X.

Gardes-du-Corps du Roi,
major-général 1815

Les gardes-du-corps du roi (1814-1830)

S’il est un fait que la fonction de « Gardes-du-Corps » est la plus ancienne de l’histoire militaire, ce n’est qu’au début du XII° siècle que l’on retrouve un corps dont la mission est de veiller sur la personne du Roi. Au début de leur création ils sont appelés « sergents d’armes » ou « sergents à masse », ils prennent le nom de Gardes-du-Corps que par la suite.

Ce fut Charles VII, vers 1420/1440, qui créa « La Compagnie écossaise des Gardes-du-Corps du Roi », en témoignage de gratitude pour l’aide apportée par l’Écosse à la France dans la guerre contre les anglais, plus particulièrement à la bataille de Bauge. Louis XI forma, en 1471 et1475 deux autres compagnies ; puis François 1er augmenta ce corps d’une troisième compagnie en 1514.

Louis XVIII rétablit en 1814 les quatre anciennes compagnies et en crée deux nouvelles. Chaque compagnie est composée de cinquante-sept officiers, trois cent soixante gardes et 60 gardes surnuméraires. Les six compagnies sont nommées (dans l’ordre) : Écossaise, Gramont, Noailles, Luxembourg, Wagram et Raguse.

Sous le seconde Restauration, les Gardes-du-Corps ne seront pas licenciés comme les compagnies rouges, cependant les compagnies seront réduites à quatre, et leur effectif réduit. En 1815, la compagnie Écossaise prend le nom d’Havré.

Lorsque Louis XVIII meurt, en 1824, son frère, Charles X, lui succède. Le nouveau monarque regroupe ses deux anciennes compagnies de Gardes appelées jusque-là « Gardes-du-Corps de Monsieur » en une cinquième compagnie de Gardes-du-Corps du Roi, son nom est Compagnie de Rivière ; en 1826, elle sera licenciée et ses hommes reversés dans les quatre premières compagnies.

Les Gardes-du-Corps disparaîtront définitivement le 11 août 1830.

Casque de la compagnie de Wagram
modèle 1814-1820

garde du corps du roi
1825

Le casque modèle 1814 modifié 1815

La bombe est en cuir noir verni fin avec toutes les garnitures en cuivre plaqué d’argent. À partir du 16 janvier 1815, des deux côtés de la bombe est fixée une palme. La plaque frontale représente sur fond rayonnant, le visage du soleil entouré de deux L opposés, surmontés de la couronne royale ; dans le bas, est frappée la devise « NEC PLURIBUS IMPAR » – « Supérieur à tous ». Jugulaires avec mentonnière, et rosace représentant un soleil avec, au centre, le visage du soleil. Le cimier est estampé de plumes. Crinière en crins noirs (écarlate pour les trompettes), coupée en brosse.

Plumet blanc, avec pied à la couleur de la compagnie, en plumes de vautour mesurant 325 mm de haut ; garni, à sa base, d’une tulipe en cuivre argenté.

Couleurs des compagnies : Écossaise, blanc ; Gramont, vert ; Noailles, bleu de roi ; Luxembourg, jaune d’or ; Wagram, cramoisi ; Raguse, orange ; Rivière, rose.

Les officiers ont un casque identique au modèle de troupe, excepté quelques détails plus travaillés, par exemple le jonc de visière peut-être ciselé de branches de lauriers.

Le casque modèle 1820

Le 16 août 1820, un nouvel uniforme est distribué, avec un nouveau modèle de casque. La bombe est en cuivre plaqué d’argent, avec les garnitures en laiton doré. Le bas de la bombe est composé d’un turban en cuir recouvert d’une peau de veau marin, teint en noir. La plaque frontale représente sur fond rayonnant, le visage du soleil et, dans le bas, la devise « NEC PLURIBUS IMPAR ». Jugulaires formées d’une mentonnière recouverte de deux chaînettes, rosace ronde frappée d’une tête de lion. Le cimier est estampé de plumes et de fleurs de lys. Crinière en crins noirs (écarlates pour les trompettes), montée en chenille.

Les officiers ont un casque identique au modèle de troupe, excepté quelques détails plus travaillés, par exemple la chenille peut-être en peu d’ours et les chaînettes des mentonnières ont des anneaux ciselés.

Lors de la révolution de 1830, les fleurs de lys représentées sur les ailerons du cimier ont été écrasées.

Casque
modèle 1820-1830

Casque d’officier de la compagnie de Gramont
modèle 1820-1830

Les mousquetaires de la garde (1814-1816)

Les Mousquetaires sont, à l’origine, les tireurs d’élite et éclaireurs des compagnies de Chevau-Légers. Ils prirent le nom de « Mousquetaires » au XVII°, lorsque Louis XIII leur donna le mousquet, en remplacement de la carabine. En 1622, cette troupe est attachée à la garde du Roi. En 1660, une seconde compagnie au service du cardinal Mazarin est créée.

En 1814, les deux compagnies sont rétablies, chaque compagnie se compose de deux escadrons, eux-mêmes divisés en deux brigades. L’effectif théorique est de cinquante-six officiers, deux cents mousquetaires et deux cents surnuméraires, pour chacune des compagnies. La première compagnie appelée aussi “Mousquetaires Gris” en raison de la couleur grise de leurs chevaux, est commandée par le Capitaine-Lieutenant Etienne-Antoine-Marie Champion, comte de Nansouty ; la seconde compagnie dite “Mousquetaires Noirs” (leurs chevaux étaient noirs) est commandée par la Capitaine-Lieutenant Adelaïde-Blaise-François Le Lièvre, marquis de la Grange.

Le casque modèle 1814 de la première compagnie.

La bombe est en cuivre plaqué d’argent, complétée de garnitures en laiton estampé puis surdoré. Plaque frontale en forme d’écusson ovale, représentant la croix des de la première compagnie de Mousquetaires aux branches terminées par des fleurs de lys et anglée de trois flammes. Une branche de chêne et de laurier fixée à la bombe, encadre la plaque frontale. Les jugulaires sont composées : d’une mentonnière et d’une rosace représentant une bombe éclatante d’où sortent flammes et foudres. Le cimier est estampé de chaque côté d’une corne d’où s’échappent des flammes et des foudres ; à l’avant, le masque est frappé de fleurs de lys et d’une bombe portant la devise de la compagnie “QUO RUIT ET LETHUM” – “Où qu’il se précipite, la mort s’y précipite aussi”. Le cimier est garni d’une crinière flottante en crins noirs (écarlate pour les trompettes) avec une torsade en fils et cannetille d’or (trois gros brins), et d’un porte-aigrette en crins noirs avec une douille en laiton doré.

Aigrette en plumes blanches de Héron avec base en plumes frisées noires, complétée d’une tulipe en argent.

Les casques des officiers sont identiques, exception faite de certaines parties surdécorées, par exemple le jonc de visière peut-être ciselé de branches de lauriers.

Mousquetaires de la première compagnie

Casque de mousquetaire gris

Mousquetaires de la première compagnie

Le casque modèle 1814 de la seconde compagnie.

La bombe et toutes les garnitures sont en cuivre plaqué d’argent, elle est de forme ronde à la différence des casques du Premier Empire dont la forme est dite à la minerve. Le bas de la bombe, à l’avant, est garni d’un bandeau encadré de moulures saillantes et striées avec la devise « ALTERIUS JOVIS ALTERA » estampée en relief « Les autres traits d’un autre Jupiter ». À l’arrière, le bandeau est garni corolles de feuillages. Plaque frontale en forme de croix de mousquetaire fleurdelisée. Jugulaires composées d’une mentonnière et d’une rosace représentant un faisceau de dix foudres avec au centre une tête de minerve casquée. Cimier composé de deux ailerons et d’un masque estampés de feuilles d’acanthe et de flèches. Crinière, en crins noirs (écarlates pour les trompettes), coupée en brosse.

Ce modèle est sans porte-plumet et par conséquent de plumet ou d’aigrette, c’est le seul casque de la cavalerie française à ne pas être pourvu de cet accessoire.

Les officiers ont un casque avec des parties probablement plus décorées, mais dans l’état actuel des exemplaires connus nous n’avons jamais pu en examiner.

Messieurs les mousquetaires noirs

Casque de mousquetaires noirs

Les gendarmes de la garde (1814-1816)

Les Gendarmes sont l’un des corps les plus anciens de l’Armée Française, c’est à ce titre et pour récompenser leur bravoure qu’Henri IV choisit deux cents d’entre eux pour former sa garde personnelle. Par la suite, ce nouveau corps fut mis au service du Dauphin, avec le titre de « Compagnie des Gendarmes des ordonnances de Monsieur le Dauphin ». Sous le règne de Louis XIII, les Gendarmes prirent la tête de la Maison Militaire par ordonnance du 29 avril 1611.

En 1814, la Compagnie de Gendarmes de la Garde est composée d’un état-major et de deux escadrons divisés chacun en deux brigades. Au total, la compagnie comprend : trente-sept officiers, deux cents Gendarmes et deux cents gendarmes surnuméraires (le complet de la Compagnie ne fut jamais atteint). Le Capitaine-Lieutenant est le Comte Étienne de Durfort.

Prototype de casque non retenu.

Au début de l’organisation du corps, on hésita sur le modèle de casque à adopter. Dans son ouvrage « La Maison Militaire du Roi 1814-1830 », Eugène Titeux précise l’existence d’un projet non adopté, composé d’un casque en cuir noir verni fin avec garnitures plaquées d’argent. Ce prototype, bien que sommairement décrit, ne nous est pas inconnu, car il sera utilisé par la Garde Nationale à cheval.

La bombe est en cuir noir verni fin avec les garnitures en cuivre plaqué d’argent. Elle est garnie de chaque côté d’un foudre enflammé duquel sortent des éclairs. La plaque frontale est estampée des Armes de France entourées par deux palmes. Jugulaires à mentonnière à écailles, rosace en forme de soleil avec au centre une fleur de lys. Le cimier est surmonté d’une chenille en crins noirs.

Le casque modèle 1814.

La bombe est en cuir noir verni fin avec toutes les garnitures en laiton surdoré. Des deux côtés de la bombe, est fixé un foudre enflammé duquel sortent des éclairs. La plaque frontale aux Armes de France surmontées de la couronne royale, et devise des Gendarmes de la Garde « QUO JUBET IRATUS JUPITER » – « Là où l’ordonne Jupiter en colère » ou encore « Dans la direction indiquée par Jupiter courroucé ». Jugulaires avec mentonnière, rosaces rondes frappées d’une tête de méduse. Le cimier estampé de foudres, festonné dans sa partie supérieure. Crinière en crins noirs (écarlates pour les trompettes), coupée en brosse.

Plumet blanc en plumes de vautour d’environ 330 mm de haut ; garni, à sa base, d’une tulipe en laiton doré.

Les officiers ont un casque identique au modèle de troupe, excepté quelques détails plus travaillés. Nous avons pu examiner quatre exemplaires d’officier dont la visière est entièrement en laiton plaqué or avec jonc ciselé de branches de laurier. Un autre exemplaire connu est quant à lui d’une fabrication unique avec une plaque reprenant les mêmes décors que le modèle classique dont les armes de France sont plus grandes et les éléments de nuages différemment agencés, de même le décor du cimier est plus fourni, les mentonnières sont entièrement ciselées et les rosaces plus grandes avec une tête de lion légèrement différente.

Gendarmes, mousquetaires, dragons

Dubois, Portrait de gendarme
1816

Messieurs les gendarmes du roi

Casque de Gendarmes
modèle 1814

Casque de Gendarmes,
modèle 1814-1816

Casque d’officier supérieur des gendarmes
1814-1816

Les chevaux-légers (1814-1816)

La compagnie de Chevau-Légers a été retirée du corps général de cavalerie et attachée à la Garde du Roi en 1592. Particulièrement appréciés par le roi Henri IV, les Chevau-Légers bénéficiaient de grands privilèges.

En 1814, les Chevau-Légers sont rétablis en une compagnie formée de deux escadrons divisés en deux brigades. L’effectif est le même que celui des Gendarmes ; en pratique, il fut plus important car le Lieutenant-Général choisi l’élite de la Garde Nationale à cheval de Paris pour la première formation. Le commandement est donné au comte Charles de Damas.

Le casque modèle 1814.

La bombe en cuir noir verni fin avec toutes les garnitures en laiton surdoré. Des deux côtés de la bombe, est fixée une palme. La plaque frontale représente un fond rayonnant parsemé d’éclairs et un ruban sur lequel est inscrite en relief la devise « SENSERE GIGANTES » – « Les géants l’ont éprouvé » ou encore “Des géants en ont fait l’épreuve” ; au centre de la plaque fleur de lys en argent. Jugulaires avec mentonnière, rosaces décorées d’une tête de méduse. Le cimier est estampé de foudres. Crinière en crins noirs (écarlates pour les trompettes), coupée en brosse.

Plumet blanc en plumes de vautour d’environ 330mm de haut ; garni à sa base d’une tulipe en laiton doré.

Les officiers ont un casque identique au modèle de troupe, excepté quelques détails plus travaillés, parfois une visière en laiton doré avec jonc ciselé de branches de laurier.

Eugène Titeux, Chevau-Légers
1814

Messieurs les Chevau-Légers du Roi
1814

Casque de chevau-léger
Modèle 1814

Casque d’officier de chevau-léger
Modèle 1814-1816

Sources bibliographiques

  • Père Daniel, « histoire de la milice française », 1724.
  • Simon Lamoral Le Pippre de Nœfville, « Abrégé chronologique et historique de l’origine du progrès et de l’état actuel de la Maison Militaire du Roi et de toutes les troupes de France », 1734.
  • M.Boullier, « Histoire des divers corps de la Maison Militaire des rois de France », 1818
  • Journal Militaire Officiel 1820.
  • Eugène Titeux, « La Maison Militaire du Roi 1814-1830 », 1889.
  • Margerand, « Les coiffures de l’Armée Française », chapitre : « Les coiffures de l’État-Major ».
  • Commandant Pirot, “À propos d’un casque”, Bulletin de la Société Napoléonienne n° 48, septembre 1964.
  • G de Chamberet, “Précis Historique sur la Gendarmerie”, Dumaine et Jacquy 1861.
  • H. de Lattre, “Historique de la Gendarmerie française”, Léautey 1879.
  • Le Maitre, “Historique de la Gendarmerie”, Constant 1880.
  • Jean et Raoul Brunon, « Fiches techniques, UNIFORMES », fiche FGR 2.
  • Service historique de l’Armée de Terre (S.H.A.T), fort de Vincennes.
  • Archives Raoul et Jean Brunon, bibliothèque Raoul Brunon, Musée de l’Empéri.
  • Bertrand Malvaux “Les casques des Mousquetaires 1814-1816”, revue Tradition magazine N° 21 & 23.
  • Bertrand Malvaux “Les casques des Gardes-du-Corps du Roi 1814-1830”, revue Tradition magazine N° 29 & 33.
  • • Bertrand Malvaux “Les casques des Gendarmes de la Garde 1814-1816”, revue Tradition magazine N° 61 &64.