Le Képi Français, tout un symbole.
1ère partie: La Troupe
Collectionner nous permet de perpétuer l’Histoire, de la raconter, de la toucher même, le passé et le présent se mêlent alors et créent une nouvelle histoire : la nôtre.
La collection de souvenirs militaires et historiques offre un champ vaste. La coiffure militaire et en particulier le képi permet pour un budget parfois modeste d’accéder directement à cette Histoire.
L’expert se veut avant tout au service du collectionneur pour le guider, être son meilleur interlocuteur : de par son expérience, son savoir historique, son œil et ses connaissances techniques, être celui qui apporte le conseil dans le choix des objets, celui qui atteste de leur époque, de leur authenticité, de leur état et de l’existence de transformations ou réparations éventuelles, ainsi que de leur valeur.
Comme tous les objets d’art, les coiffures militaires n’échappent pas aux domaines de la contrefaçon ; de la reproduction « ingénue » pour reconstitution historique, à la reproduction ou transformation « malveillante ».
Aussi l’expert a la responsabilité de se porter en juge, à chaque interrogation soulevée, et d’essayer de trouver les moyens d’investigation appropriés.
Cette exposition ne se veut pas être une étude exhaustive mais être une découverte de cette coiffure traditionnelle dans l’armée française ; elle veut en donner sa composition et sa description générale, voir ce qui distingue ses différents modèles, leur évolution. Présenter également des modèles modestes ou prestigieux.
Christophe Ropars, Elève Expert CNES, Uniformologie 1870-1945 et Armement réglementaire français
Collectionner nous permet de perpétuer l’Histoire, de la raconter, de la toucher même, le passé et le présent se mêlent alors et créent une nouvelle histoire : la nôtre.
La collection de souvenirs militaires et historiques offre un champ vaste. La coiffure militaire et en particulier le képi permet pour un budget parfois modeste d’accéder directement à cette Histoire.
L’expert se veut avant tout au service du collectionneur pour le guider, être son meilleur interlocuteur : de par son expérience, son savoir historique, son œil et ses connaissances techniques, être celui qui apporte le conseil dans le choix des objets, celui qui atteste de leur époque, de leur authenticité, de leur état et de l’existence de transformations ou réparations éventuelles, ainsi que de leur valeur.
Comme tous les objets d’art, les coiffures militaires n’échappent pas aux domaines de la contrefaçon ; de la reproduction « ingénue » pour reconstitution historique, à la reproduction ou transformation « malveillante ».
Aussi l’expert a la responsabilité de se porter en juge, à chaque interrogation soulevée, et d’essayer de trouver les moyens d’investigation appropriés.
Cette exposition ne se veut pas être une étude exhaustive mais être une découverte de cette coiffure traditionnelle dans l’armée française ; elle veut en donner sa composition et sa description générale, voir ce qui distingue ses différents modèles, leur évolution. Présenter également des modèles modestes ou prestigieux.
Christophe Ropars, Elève Expert CNES, Uniformologie 1870-1945 et Armement réglementaire français
En guise d’introduction…
De la casquette du Père Bugeaud liée à la conquête de l’Algérie en 1830, ironisée alors en chanson, aux heures de gloire du képi blanc de la Légion étrangère, qui se retrouva au cinéma dans tant de films, aux képis rouges des soldats du Second Empire, de 1870, de la Belle Époque, de la Grande Guerre, le képi passa de la Marne et des tranchées au music-hall des Années Folles dont s’affublèrent les Bach et Laverne, Polin, Ouvrard et Fernandel … Présent lors de la seconde guerre mondiale, de la guerre d’Indochine, d’Algérie, il demeure encore de nos jours malgré les inévitables évolutions et adaptations de l’uniforme, le survivant symbolique de notre armée ; sa remise lors de cérémonies officielles aux marsouins et aux légionnaires est alors toujours un moment fort de la carrière du militaire.
Le képi, effet d’habillement, est donc un emblème, présent dans l’armée et les corps civils : l’image qui symbolisa et suivit les soldats qui firent l’Histoire de France dans ses régimes du Second Empire à nos jours, dans ses défaites et dans ses victoires. Il dépassa même largement nos frontières et servit d’inspiration à de nombreux pays jusqu’au nouveau continent…
À lui seul il est aussi une mine de renseignements sur le grade, l’arme, l’unité du soldat, il le suit dans sa carrière, évolue avec lui, ou est tout simplement remplacé.
C’est ainsi que sur les champs de bataille, il se révèle indispensable, car du premier coup d’œil est distingué le fantassin du cavalier, le médecin de l’artilleur, le chasseur alpin du légionnaire ; et le général du simple soldat.
De fabrication toujours manuelle, il révèle la grande diversité des matériaux utilisés et un savoir-faire de grande technicité dans l’art de la broderie.
Aperçu historique
Son apparition originelle date de la conquête de l’Algérie en 1830 ; il est alors dénommé « casquette », successeur du shako complètement inadapté au climat du pays; plusieurs essais furent envisagés pour aboutir à la casquette d’Afrique.
La casquette du Maréchal BUGEAUD conservée au Musée de l’Armée à Paris en est un bel exemple, bien que fantaisiste ; elle s’inspire des shakos réglementaires des chasseurs d’Afrique mais avec une visière plus large.
Le shako abandonné au profit d’une coiffure plus légère, les troupes françaises portèrent alors le bonnet de police. Ce dernier, sans visière et ne protégeant pas du soleil, les premières casquettes à visières furent expérimentées. D’autres transformations apparurent, de forme cylindrique, portant une cocarde nationale à l’avant, avec une visière arrondie rétractable en cuir. Les premiers bonnets eurent une carcasse à structure rigide, d’autres une structure plus légère en rotin. La casquette d’Afrique était née, et devint de rigueur en métropole. Par la suite leur forme devint de plus en plus élégante, légère avec un fût conique à partie supérieure relativement inclinée vers l’avant.
Citons, malgré la lourdeur de son texte, la résolution adoptée par le comité d’infanterie en mai 1843 qui fait figure d’acte créateur officiel du képi : « Plusieurs membres tout en regrettant le rejet d’un effet aussi traditionnel que le bonnet de police reconnaissant cependant que les besoins de l’actualité, l’emploi des troupes aux travaux publics, la guerre et l’occupation de l’Algérie, les changements successifs apportés dans l’habillement, sont des motifs puissants pour amener dans cette coiffure une amélioration reconnue avoir le double avantage de pouvoir en satisfaisant à toutes les exigences être affectée à toute l’armée sans aucune exception (…). Le comité décide en outre à l’unanimité que le képi proposé auquel il substitue le nom de bonnet de police à visière sera adopté avec cette seule modification qu’un fil de fer galvanisé maintiendra le tout et qu’une basane en étoffe imperméable sera établie à l’intérieur. »
En juillet 1843, l’infanterie sera la première à se voir attribuer le bonnet de police à visière.
Couleurs et ornementations permettront de distinguer les modèles des différents corps, mais leurs critères communs restent identiques :
Bandeau, turban en plusieurs parties réunies par coutures, calot, ce dernier légèrement renfoncé sur les bords du turban formant une saillie, arrière du bonnet légèrement plus haute que l’avant. Sur les coutures d’assemblage de la visière, entre le bandeau et le turban, sur les différents quartiers du turban, et sur le calot, présence d’un passepoil en cordonnet de laine. Visière initialement ronde en cuir verni noir sans jonc ni bordure, tranche noircie à l’encre. Coiffe intérieure en basane noire, et bande de toile imperméable.
Pour les officiers, le bandeau sera surmonté de tresses plates en or ou argent selon la couleur du bouton, leur nombre indiquant le grade, selon le système retenu pour la casquette d’Afrique : sous-lieutenant, un rang ; lieutenant, deux rangs ; capitaine, trois rangs ; chef de bataillons et major, quatre rangs, lieutenant-colonel et colonel, cinq rangs.
En 1850, la casquette d’Afrique disparaît définitivement au profit d’un bonnet de police à visière, plus petit, moins rigide qui s’officialisera en mars 1852 : le képi.
Cette nouvelle coiffure s’imposera désormais à l’ensemble de l’armée, la marine exceptée, et à différents corps civils également, même si la casquette subsistera encore pour les chasseurs d’Afrique, et ce avec le modèle 1873 de la Troisième République.
Le Képi
L’origine étymologique du képi est tirée de l’alémanique « Käppi », diminutif de l’allemand Kappe, « chapeau », lui-même emprunté au latin « cappa », manteau à capuchon.
Ses principaux éléments demeurent encore aujourd’hui. De 1852 à 1858, sa hauteur variera et ira en s’amenuisant progressivement et donnera à son porteur une allure « crâne » ; de 1858 à 1931, sa forme perdra de sa pente et deviendra de plus en plus cylindrique. Sa visière aux formes rectangulaires, s’adaptera et deviendra arrondie. Les matériaux utilisés pour sa construction évolueront avec les combinaisons des nombreux savoir-faire textiles.
La structure du képi reste relativement identique aux modèles précédents :
Bandeau, turban en plusieurs parties réunies par coutures, calot, ce dernier légèrement renfoncé sur les bords du turban formant une saillie, arrière du bonnet légèrement plus haute que l’avant. Sur les coutures d’assemblage de la visière, entre le bandeau et le turban, sur les différents quartiers du turban, et sur le calot, présence d’un passepoil en cordonnet de laine.
À partir de mars 1852, turban et calot deviennent garance, hommage rendu à la Ligne suite à sa participation aux campagnes africaines aux côtés de la Légion et de l’infanterie légère d’Afrique qui portaient alors un bonnet de police à visière en drap garance ; le bandeau demeurant bleu-de-roi. Notons que dans toute l’armée, turban et calot seront à présent de la couleur du pantalon. Sa hauteur évolue, le calot se renfonçant de 2 centimètres, le passepoil bleu-moyen sera présent dès 1858, la visière légèrement bombée sur les bonnets de police antérieurs à 1860, devient à partir de 1867 officiellement plate et rectangulaire, de taille plus ou moins importante, avant de revenir à une forme arrondie avec le modèle 1873. Avec l’avènement de la Troisième République, la visière est dès lors arrondie, même si l’on rencontre jusque dans les années 1876-1877 encore des visières rectangulaires.
Après 1870, les côtés du képi de troupe porteront des ventouses d’aération en tombac peintes en rouge.
Bien que le règlement de 1867 ne fasse pas mention d’une jugulaire à double coulisse, son port est avéré et abondamment illustré dans les tableaux de la guerre franco-prussienne de 1870.
Coiffe intérieure en basane noire, et bande de toile imperméable.
Le modèle 1884 succède au modèle 1873, encore tout emprunt , lui, de la forme héritée du second Empire.
Le 1884, qui selon le règlement se veut avoir « la forme d’un cône tronqué à base elliptique », est plutôt de forme plus avachie, possédant une armature en forte toile, drap bleu foncé pour le bandeau, garance pour le calot et le turban, disque en cuir verni noirci dans le fond du calot, avec lentille découpée en son centre présentant en s’ouvrant les cachets officiels de fabricants, date de fabrication et souvent le nom du soldat.
Ensemble des coutures extérieures habillées d’un cordonnet bleu foncé. Chiffre du régiment en drap découpé et cousu sur un rectangle lui-même monté sur le devant du bandeau. Jugulaire à double coulisse en cuir. Visière en cuir fort de format arrondie. Intérieur à basane réduite ou entière couvrant l’ensemble de l’intérieur de la coiffe selon l’arme.
Le képi modèle 1884 que l’on rencontre au début du premier conflit mondial, est garni par mesure de discrétion d’un manchon de toile de treillis bleu ou blanche.
Avec le début du conflit, sa forme restera la même globalement, mais s’adaptera dans ses couleurs aux nécessités du moment.
Abandonné officiellement en 1915, le képi troupe ne réapparaîtra dans l’armée française qu’en 1926 et surtout à partir de 1930. Son évolution visible transparaissant dans sa forme.
De forme cylindrique et basse ayant suivi quelque peu la mode des képis d’officiers. Le képi modèle 1935 en sera l’ultime évolution, inspirée du modèle 1931 d’officier.
Dans les années 1960, le numéro du régiment disparaîtra au profit d’une grenade enflammée à la couleur du bouton selon l’arme. Bientôt, la tenue quotidienne du soldat se verra coiffée du béret bleu foncé inter-arme. Le képi n’étant relégué qu’à certaines circonstances.
Quelques exemples de képis
Képi modèle 1852
Képi modèle 1867
Képi modèle 1873
Képi modèle 1884
Manchon en usage pour képi en 1914-1915
Manchon couvre-képi modèle 1902 modifié 1912
Képi de sous-officier des douanes, modèle 1884
Képi troupe d’infanterie coloniale, modèle 1914, 1er type
Képi troupe de la légion Étrangère, modèle 1884
Képi troupe du 136ème régiment d’infanterie de Saint-Lô, Modèle 1914 1er type
Képi modèle 1930
Képi de sous-officier des troupes sahariennes, modèle 1931, fabrication des années 1950-1960
Sources iconographiques
01 – Livre « Vieilles chansons pour les petits enfants », illustration par M.B Monvel. Page 24.
02 – Casquette du Maréchal Bugeaud, musée de l’Armée Paris. Photographie RMN 11-557877.
03 – Roger Fenton ( 1819-1869 ), groupe de chasseurs d’Afrique en Crimée , épreuve sur papier albuminé, 1855. Musée de l’Armée, ancienne collection Vanson, inventaire 993.121.67.
Ensemble des coiffures présentées, sauf mention contraire, collection et photographies Christophe ROPARS